Récit d'un parcours en métro
Écrit de DNA (Diplôme National d'Art)
2019
Écriture / Conception graphique / Édition
Ce projet d’écriture propose une analyse personnelle et sensible de l’espace du métro, par le recours à la narration d’un trajet répété entre deux stations. Il permet de ressentir l’impact du lieu sur l’état du passant qui le traverse. Il aborde de manière subjective la notion de « non-lieu » telle que l’a définie Marc Augé. Les choix de mise en forme graphique induisent une lecture progressive et fractionnée, ils font ressentir au lecteur la répétition du trajet et le plongent progressivement dans la découverte de l’espace. Ils permettent aussi une mise en relation originale avec les textes de référence, par le biais de l’insertion de citations choisies.
Imprimé en 2019, format 21x15 cm, 51 pages
Références :
- Un ethnologue dans le métro, Marc Augé, 1986
- Non-lieux, introduction à une anthropologie de la sur-modernité, Marc Augé, 1992
- Une architecture du sentiment, conférence de Pierre-Damien Huyghe, dans le cadre de la journée d’étude intitulée Re-former le supermarché, à Toulouse, le 16 novembre 2018

Extraits choisis pour illustrer la progression de la narration
"Sa vitesse : si pratique. Mais si rapide, il nous oublie. Je m’engouffre dans la bouche de métro, je plonge sous terre. Je descends les marches, bifurque dans les couloirs, passe les barrières. La carte sonne, je pousse la barre qui entrave mon passage, je descends encore. L'atmosphère est lourde, l’air chaud des machines est coupé de courants d’air glacial, la lumière est artificielle, on ne voit plus rien de l’extérieur. J’attends la rame dans le brouhaha ambiant. Le temps s’égrène en signes lumineux sur le panneau d’affichage quand j’entends le souffle de l’engin qui arrive. À peine le temps de monter et la sonnerie retentit annonçant que les portent font se refermer. L’appareil ne nous attends pas, il passe, il faut l’attraper dans sa course. Je sens la vitesse, ponctuée des arrêts fréquents, à chaque statons. Le rythme est saccadé. L’espace est étroit, bondé, irrespirable. Mes doigts agrippent la barre. Les corps se replient sur eux-mêmes pour occuper le minimum d’espace, presque en apnée, on attend que ça passe. J’observe les gens autour de moi s’évader dans leur musique, regardant alternativement au-dessus des têtes et entre les pieds. Ils se déconnectent de l’instant présent, s’évadent de cet endroit qui n’en n’est pas un. Un espace-temps transitoire. L’escalator qui semble nous ramener des profondeurs ne va pas assez vite. Impossible de rester immobile, je gravis ces marches qui montent déjà, trop pressée de revoir le ciel."
(Extrait)











